samedi 7 septembre 2019

La start-up Transition One promet de convertir à la propulsion électrique des voitures d'occasion essence ou Diesel dès la fin de l'année. (Challenge)s


La start-up Transition One promet de convertir, en 4 heures, à la propulsion électrique des voitures d'occasion essence ou Diesel dès la fin de l'année. De quoi espérer un prix de vente de moins de 10.000 euros.
En prenant la basse d'une voiture d'occasion et en remplaçant son moteur essence ou Diesel par une machine électrique de puissance équivalente, cette entreprise française dirigée par Aymeric Libeau entend pallier l'absence d'offre sur le marché de l'occasion et, par conséquent, élargir le public de la voiture électrique.
Avant d'envisager une quelconque commercialisation, il faut déjà faire évoluer la réglementation, en vue de rendre possible l'homologation d'une telle transformation. Les négociations engagées avec les ministères des Transports et de la Transition écologique portent également sur la mise en place de subventions : Transition One espère une aide gouvernementale de 3.000 €, ce qui lui permettrait de viser un tarif de 5.000 € pour la conversion. Ajoutés au prix d'environ 3.500 € pour une Twingo d'occasion de 2008, cela donne un coût total de 8.500 €, avec lequel aucun modèle neuf à propulsion électrique ne peut rivaliser aujourd'hui.

Une initiative de l'association AIRe ( Acteurs Industriels du Retrofit électrique) résumée par le magazine Challenges

Plusieurs entreprises sont déjà sur les rangs, espérant la libération de cette activité. Réunies au sein de l'association AIRe (Acteurs Industriels du Retrofit électrique), elles ont engagé la discussion avec les ministères des Transports et de la Transition écologique. "Le contexte est positif", estime Aymeric Libeau, fondateur et directeur de Transition One, un des membres de l'AIRe. "Les services techniques, que ce soit l'UTAC ou le CNRV sont pour un changement. Les discussions sont en bonne voie et nous nous sommes fixés pour objectif la signature d'un arrêté au 31 décembre 2019. Ce qui signifie que l'activité pourrait débuter dès l'année prochaine."

Plus d'obligation d'homologuer un véhicule entier

Bien évidemment, l'arrêté cadrera la pratique. "Les deux points qui bloquent aujourd'hui la conversion d'une voiture thermique en voiture électrique (aussi appelée rétrofit, NDLR) sont l'accord nécessaire du constructeur avant toute transformation d'une part, et la nécessité d'homologuer complètement le véhicule d'autre part", explique Aymeric Libeau (lire notre article Transformer ma voiture en électrique, c'est possible ?). Cette dernière contrainte, notamment à cause des normes de crash-test, rend impossible la conversion de voitures un peu âgées. Aussi et surtout, cela entraîne des coûts insurmontables pour une petite entreprise.
Ces deux freins seront les premiers à être levés par l'arrêté, en cours de discussion. Installer un groupe motopropulseur (moteur, transmission et batterie) homologué, dans une voiture elle aussi homologuée deviendrait alors possible, sans avoir à présenter le véhicule complet à l'organisme certificateur. Une contrainte pour éviter les dérives concernera les performances : le moteur électrique ne devra pas dépasser la puissance de la variante la plus puissante du modèle dans lequel il est installé. En somme, il ne sera par exemple pas possible dans une Renault Twingo 2, comme celle choisie par Transition One, d'excéder les 133 ch d'une Twingo R.S..

Une alternative au manque d'offres en occasion

Aymeric Libeau estime qu'il y a beaucoup de perspectives dans la conversion des petites voitures. C'est ce créneau particulier qu'il a choisi d'investir avec sa société Transition One. Le but est de proposer des voitures électriques à un tarif raisonnable, pour une clientèle qui ne peut s'offrir une neuve. "On a des retours de marchands spécialistes de la voiture d'occasion, qui ont de la demande, mais pas d'offre. Il leur sera à l'avenir possible de proposer à leur client un modèle de leur parc, et de le récupérer en version électrique pour 5.000 euros de plus".
Transition One vise un tarif contenu, un cas presque isolé parmi les "retrofitteurs", qui misent majoritairement sur le haut-de-gamme. Le but est de proposer un ensemble mécanique aux performances modestes (autonomie de 100 km réels, vitesse maxi de 110 km/h), qui peut être installé en seulement quatre heures (là aussi pour réduire le coût de la transformation, plus que par nécessité pour le client). De quoi satisfaire les particuliers à la recherche d'une petite voiture pour les trajets du quotidien, mais aussi certaines flottes d'entreprise et collectivités. Cela permettra également des offres en leasing à tarif réduit, de l'ordre de 100 € à 150 € par mois dans des formules avec entretien compris. A l'avenir, l'installation pourrait être effectuée ailleurs que dans l'usine d'Orléans : des garages indépendants pourraient s'en charger, ce qui compenserait leur baisse d'activité liée à l'essor de l'électrique, et faciliterait également la proximité avec le client.

Des voitures petites, et de cinq ans environ

Pour le moment, c'est un prototype sur base de Renault Twingo 2 qui sert de démonstrateur à Transition One. Pour réduire le coût, c'est un moteur asynchrone de 50 kW (68 ch) et 96 Volts qui a été choisi. La boîte de vitesses a été conservée, ce qui permet de limiter la consommation de ce type de machine électrique, pas nécessairement la plus sobre. Ce prototype emporte 25 kWh de batteries (des modules d'origine Tesla) mais la version définitive devrait se contenter d'environ 18 kWh. Le but est de proposer un ensemble adaptable au plus grand nombre possible de citadines, pour des questions d'économie d'échelle : Renault Twingo 2, Fiat 500, Citroën C1, Peugeot 107, Toyota Aygo, etc. Avant de proposer par la suite une solution pour le segment supérieur, Renault Clio et Peugeot 208 en tête.
"La majorité des voitures que nous recevrons seront des modèles sortis de financement et sortis de garantie, âgés donc de trois à cinq ans minimum", estime Aymeric Libeau. "La réglementation pourrait d'ailleurs imposer un âge minimal de cinq ans, sans limite. Un client m'a même demandé si je pouvais transformer une Citroën 5 HP de 1924… Mais cela ne correspond pas à mon créneau, où le nombre permet de faire baisser les coûts". Car il existe effectivement un marché pour la conversion de voitures anciennes (lire notre article sur les voitures anciennes à moteur électrique) : le mariage princier d'Harry et Meghan Markle, qui a vu le couple arriver à la soirée en Jaguar Type E électrique, en est une preuve. C'est d'ailleurs le cheval de bataille d'autres membres de l'AIRe, comme Retrofuture, qui s'intéresse à tous types d'autos ; Ian Motion, qui se propose de convertir des Mini ; Brouzils Auto qui s'attaque à la Volkswagen Coccinelle ; ou le Méhari Club de Cassis qui travaille sur la célèbre Citroën en plastique. Ce dernier atelier compte proposer des transformations sur tous types de 2 CV, Dyane et Méhari. Mais il est déjà parvenu à homologuer une Méhari électrique, l'Eden, en quadricycle lourd, fabriquée à partir d'éléments destinés à la restauration des modèles thermiques.

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