vendredi 22 février 2019

Quelles propositions pour la mobilité électrique dans le Grand débat ?

La Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme dans ses 7 propositions pour contribuer au Grand Débat National aborde la mobilité avec la question ; 
5- Comment accompagner les citoyens vers la sortie des voitures essence et diesel ? et
  1. Favoriser un usage partagé des voitures électriques.
  2. Imposer recyclage, écoconception et la responsabilisations des filières depuis l'extraction des matières premières.
  3. Accélérer la transition vers les énergies renouvelables. 



Nous partageons ces objectifs et proposons à nos lecteurs, ainsi qu'à nos amis impliqués dans la création de F²AUVE [1], de les  décliner sous la forme de ces 5 propositions: 

Utilisateurs de véhicules électriques , nous souhaitons partager nos expériences cumulées de millions d’heures de conduite 100% électrique et de kilomètres parcourus au travers des propositions développées ci-dessous. 
I - Un soutien financier à l'investissement pour l'engagement citoyen volontaire en faveur de la politique de transition écologique. 
Les dispositions législatives et réglementaires initiant un plan de déploiement des IRVE[2], accompagnées des incitations financières et fiscales favorables au VE ont permis de rompre le cercle vicieux : « Pourquoi construire des VE puisque il n’y a pas de bornes ó Pourquoi installer des bornes puisque il n’y a pas de VE »   
Il nous parait important de rappeler que si la mobilité électrique se développe aujourd’hui c’est aussi parce que des milliers d’électromobilistes ont fait le choix de passer au 100% électrique et que leur expérience et leurs propositions peuvent concourir à en consolider et même accélérer le déploiement.
Une majorité de nos concitoyens serait aujourd’hui prêts à faire le pas vers le VE mais sont découragés par son insuffisante autonomie et surtout le prix d’achat élevé des véhicules. Il est donc nécessaire de les soutenir beaucoup plus efficacement dans leur acte d’investissement. 

Proposition 1° : Créer un Fonds d’investissement garantissant aux établissement bancaires la prise en charge, dans chaque foyer, du financement sur 8 ans, de l’acquisition de VE 100% électriques neufs ou d’occasion.  


II - Le bénéfice écologique du passage aux VE 100% électrique n’étant plus à prouver, il est nécessaire de lever le frein à l’itinérance. 
Ils contribuent à la décarbonation de la mobilité : le moteur électrique est le seul qui n'émet ni CO² ni gaz à effets de serre contrairement à TOUS les véhicules thermiques ou hybrides "électrifiés". En outre, l’utilisation automatique du frein moteur diminue considérablement les émissions de particules au freinage. 
Ils contribuent à l’efficacité et à la sobriété énergétique : un parcours en Véhicule Electrique consomme 4 fois moins d'énergie [3]qu'effectué en véhicule thermique. Si en plus, sur ce même trajet, il s'agit d’un covoiturage par 3 personnes c'est 4x3 = soit 12 fois moins d'énergie consommée ! 
La conduite du VE sensibilise concrètement son conducteur à sa consommation d’énergie et l’incite à une pratique de l’écoconduite illustrant l’adage « qui veut aller loin ménage sa monture ». 
Afin de lever le frein à l’itinérance, pouvoir effectuer quelques centaines de kilomètres dans la journée, il est nécessaire que les régions, en charge la mobilité, coordonnent l’ensemble des acteurs de leur territoire pour offrir des solutions de recharge fiables et satisfaisantes.
Proposition 2° : Assurer un maillage du territoire garantissant une possibilité de recharge rapide (ou super rapide) tous les 50 km. Ces IRVE seront alimentées en électricité verte, équipées de connections au standard universel, et bénéficieront d’une assistance technique efficace.    

III - La recharge des batteries pour contribuer au stockage de l’électricité verte et à l’amortissement des crêtes de consommation du réseau. 
Au paragraphe précédent nous évoquions la recharge rapide des batteries nécessaire pour faciliter la mobilité et l’itinérance. Mais, comme tout véhicule individuel, le VE passe 90 % de son temps à l’arrêt. Si, sur ses emplacements de stationnement, sont installées des ombrières photovoltaïques et de simples prises de 230 v alors la batterie peut contribuer au stockage des énergies renouvelables. Ce sont environ 10 kwh par jour qui peuvent être stockés par la batterie du véhicule sur les parkings d'entreprise ou au domicile équipés d'ombrières photovoltaïques ou alimentées par des ENR. 
En équiper les aires de co-voiturage ou de rabattement vers des transports en commun, contribuera au développement des modes de déplacement multimodaux. 
Cette électricité verte ainsi stockée dans les batteries, peut contribuer à amortir les crêtes de consommation électrique car transférée sur le réseau elle peut alimenter le domicile et contribuer à écrêter les pointes de consommation, grâce à la technologie V2G ou V2H[4], puis être restituée au véhicule la nuit en période de basse consommation. 
Il faut également prendre en compte la "deuxième vie" des batteries, que constitue leur premier recyclage dans des unités de stockage des ENR. 
Proposition 3° : Soutenir le financement des installations photovoltaïques assurant la recharge des véhicules électriques en stationnement prolongé (supérieur à 4h).

 IV - Une filière de recyclage ressource de l’économie circulaire diminuant notre dépendance économique et financière aux hydrocarbures. 
Les véhicules électriques et leurs composants contribuent à l'approvisionnement durable de l'économie circulaire. Dans un avenir proche, au fur et à mesure que les batteries de voitures et les cellules photovoltaïques seront recyclées, ce sont autant de composants et de matériaux, aujourd'hui majoritairement détenus par les investisseurs et industriels chinois, qui seront réutilisés dans nos industries locales. 
Concernant le recyclage d’anciens véhicules thermiques, la technique du « revamping» [5]doit permettre leur conversion au mode 100% électrique en remplaçant leur moteur thermique par un moteur électrique.  
Le déploiement massif des VE contribuera au bénéfice de la balance commerciale de la France et de l'Europe en réduisant la facture d’importation et de transformation des hydrocarbures. 
Proposition 4° : Assouplir la réglementation entravant le recours aux techniques de revamping.
 
 V - Le véhicule 100% électrique comme étape dans la transition vers d’autres formes de mobilité et d’utilisation de l’énergie. 
Le véhicule électrique contribue à une conception nouvelle de la voiture et de son utilisation en permettant d’en repenser l'architecture et les composants autour du couple « moteur électrique – batterie » comme étape vers la voiture autonome. L’exploration de formes d’autopartage, le recours à l’auto-train, à l’utilisation d’ eptender en fonction des types de trajets envisagés doivent pouvoir être expérimentés afin d’éviter la course aux énormes batteries moins compatibles avec la sobriété énergétique.  
Proposition 5° :  Ouvrir le champ d’expérimentation et du financement [6] aux nouvelles formes de mobilité électrique.  



[1] F²AUVE (Fédération Française des Utilisateurs de Véhicules Électriques)
[2] IRVE (Installations de Recharge des Véhicules Électriques)
[4] V2G ou V2H (Véhicle to Home) Echange d’électricité entre le véhicule et la maison et vice versa.
[5] Revamping ou retrofit : remise à niveau du véhicule par échange du moteur ou de la batterie.
[6] Voir les solutions de financement proposées par le Pacte Finance-Climat.
Jean-Claude LE MAIRE

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