Le constructeur automobile s'est associé à des start-up aux Pays-Bas: Fabriquer des voitures ne suffit pas, pour les vendre, il faut aussi développer des services de mobilité et des prestations énergétiques.
Le constructeur automobile français, comme ses concurrents, en est persuadé : avec l'électrique, fabriquer des voitures ne suffit pas. Pour les vendre, il faut aussi développer des services de mobilité et des prestations énergétiques. Aux Pays-Bas, où le gouvernement et les villes mènent une politique incitative en faveur des véhicules électriques, l'environnement est favorable.
" Nous aurons 150 Zoe électriques en autopartage d'ici à la fin 2018 et nous étendons notre modèle de bornes solaires dans toute la région d'Utrecht ", se félicite -Robin Berg, fondateur de We Drive Solar. La ville de 350 000 habitants, qui se prépare à en gagner 50 000 dans les dix prochaines années, conditionne les nouveaux programmes immobiliers à l'installation de bornes de chargement solaires pour des véhicules partagés, avec l'ambition d'atteindre vite le millier de stations.
A la fin du mois de novembre, les 1.800 propriétaires de Zoe aux Pays-Bas pourront gérer la recharge de leur voiture depuis leur smartphone. Renault a pris en octobre 25 % de participation dans une start-up de Rotterdam, Jedlix, qui a développé une application de smart charging – la recharge intelligente de la batterie –, baptisée " Z.E. Smart Charge ". Le but : lancer la charge quand l'électricité est la moins chère et quand elle est issue de sources renouvelables, l'arrêter dans le cas contraire.
" On indique sur son smartphone, chaque jour ou bien une fois pour toutes, à partir de quelle heure on veut sa voiture et pour rouler combien de kilomètres au minimum, et on donne les clés à l'algorithme pour gérer la charge ", explique Ruben Benders, le directeur général de -Jedlix. La société a déjà développé une application similaire pour Tesla aux Pays-Bas. " Tout le monde y gagne : les gestionnaires de réseau électrique évitent les pics de consommation ou les creux qui gâchent des énergies renouvelables, et les consommateurs font de grosses économies. "
Seconde vie pour les batteries
Les économies sont d'autant plus importantes que les utilisateurs de ce service gratuit sont rétribués financièrement par les fournisseurs d'électricité pour leur participation à ce " lissage " de la consommation, qui deviendra de plus en plus essentiel à mesure du déploiement des véhicules électriques. " Nous avons calculé que les gratifications représenteront jusqu'à 2 000 km gratuits par an ", assure M. Feunteun. Pour que le système fonctionne, il faut que les fournisseurs d'électricité s'y associent. C'est le cas aux Pays-Bas, pas encore en France, où les discussions sont ouvertes. Renault espère déployer l'application de Jedlix dans l'Hexagone en 2018 pour les presque 48 000 propriétaires de Zoe. Ce serait alors la première application de smart charging en France.
L'application sera encore plus pertinente quand elle permettra aussi de gérer le transfert d'électricité de la voiture au réseau, afin d'aider les énergéticiens à passer les " heures de pointe " de la consommation domestique.
Une fonction déjà pratiquée de manière expérimentale par We Drive Solar sur son propre réseau.
" Avec 100 voitures connectées à des stations de charge bidirectionnelles pour 1 000 logements équipés de panneaux solaires, on -équilibre un réseau local d'énergie renouvelable, assure M. Berg. Une batterie de Zoe peut alimenter une maison pendant une semaine ! "
Le groupe Renault a créé en octobre une division, Renault Energy Services, pour investir dans ces projets de réseaux intelligents et développer la mobilité électrique. Le constructeur automobile noue également des partenariats ailleurs qu'aux Pays-Bas. En Grande-Bretagne, il expérimente ainsi avec la start-up Powervault un modèle de réemploi des batteries pour du stockage domestique d'électricité produite par les panneaux solaires qui sont installés sur les toits des maisons.
" Au bout de quinze ans, nos -batteries sont trop faibles pour un usage automobile, mais elles peuvent encore servir dix ans pour du stockage ", assure M. Feunteun. Cette deuxième vie est encore à l'état d'ébauche, mais son expérimentation est stratégique pour le constructeur français : dans cinq ans, des milliers de batteries vont commencer à lui être retournées.
Grégoire Allix
Le Monde
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