mercredi 9 décembre 2020

«Un palier a été franchi sur le marché du véhicule électrique» pour Gilles Normand, SVP Véhicules électriques et Services de mobilité, Groupe Renault

Sur les onze premiers mois de l’année 2020, le Groupe Renault a vendu près de 100 000 véhicules électriques, dont 84 000 ZOE. Un record historique dont se félicite Gilles Normand, SVP Véhicules électriques et Services de mobilité du groupe. Pour lui, 2020 restera l’année de la bascule en faveur de l’électrification en Europe.

Extrait des propos recueillis par  

Malgré la crise sanitaire, l’année 2020 s’annonce comme record pour les ventes de véhicules électriques en Europe et particulièrement pour Renault.

Dans le contexte pandémique que l’on connaît, les ventes de véhicules électriques en Europe sont restées très dynamiques en 2020 avec des taux de croissance évoluant entre 70 % et 80 % dans les principaux marchés européens. Désormais, ces ventes de véhicules électriques représentent autour de 5 % des ventes totales, toutes motorisations confondues. C’est une tendance que l’on retrouve dans de grands pays comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Un palier significatif vient d’être franchi.

Sur les onze premiers mois de l’année 2020, le Groupe Renault a vendu près de 100 000 véhicules électriques, dont plus de 84 000 ZOE. Qu’est-ce qui explique ces excellents résultats ?

Ces résultats sont plus qu’excellent, ils sont historiques ! Tout comme l’inflexion générale du marché automobile vis-à-vis de l’électrique, ils résultent, en grande partie, du travail de pionnier que le Groupe Renault a mené depuis plus de dix ans sur la technologie électrique. Nous avons progressivement levé les freins qui pouvaient dissuader les clients d’opter pour cette motorisation grâce notamment à la formation de nos vendeurs qui sont en mesure de démontrer aux clients que le coût d’usage d’un véhicule électrique est moindre que celui d’un véhicule thermique. Mais aussi, grâce aux progrès réalisés en matière d’autonomie des batteries – le cap a été franchi avec la ZOE de deuxième génération qui revendiquait 300 km d’autonomie, presque 400 aujourd’hui avec celle de troisième génération– mais également en travaillant sur des applications disponibles dans le véhicule et sur son smartphone. Celles-ci permettent de repérer facilement les points de recharge opérationnels pour planifier son parcours sans crainte. Nous retirons aujourd’hui les bénéfices de tout ce travail.

D’autres facteurs ont-ils contribué à cette envolée des ventes des véhicules électriques ?

Bien sûr, et en premier lieu, le contexte réglementaire qui durcit le seuil des émissions de CO2 via la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy) a accéléré cette croissance. Elle a obligé les constructeurs à intégrer des modèles électriques dans leur gamme et donc la concurrence à se développer. Mais paradoxalement, cette multiplication de l’offre ne nous a pas pénalisé. Au contraire, elle a permis le développement de nos ventes car certains clients attendaient d’avoir du choix pour se décider à acheter un véhicule électrique. Et souvent, ils ont opté pour ZOE, le leader historique du marché en Europe et qui présente un meilleur rapport autonomie/prix/équipement que ses concurrentes.

Il faut également évoquer l’ouverture de certains marchés nouveaux pour les véhicules électriques, notamment les utilitaires -un segment sur lequel Kangoo Z.E. confirme son leadership pour la neuvième année consécutive. Après les flottes de grands groupes comme La Poste, les PME et les artisans optent désormais pour le véhicule électrique, idéal pour la livraison au dernier kilomètre. Ils le font car ils ne sont pas seuls. Nous les accompagnons à travers notre nouvelle filiale Elexent, pour leur offrir des services clés en main qui vont du conseil à l’installation et la location de bornes de recharge dans leurs locaux. Une fois de plus nous levons les freins au passage à l’électrique et cela se fait sentir immédiatement !

Après ZOE sur le segment des petites berlines polyvalentes, le Groupe Renault se lance sur le segment des citadines électriques avec Twingo Electric et Dacia Spring. N’y a-t-il pas un risque de concurrence interne sur le marché ?


Notre stratégie a toujours été claire : d’abord installer notre leadership sur le segment des petites berlines polyvalentes avec ZOE puis, une fois que les progrès réalisés sur la technologie nous permettraient de garantir une autonomie suffisante et une plus grande compacité des batteries, étendre notre offre, à commencer par le segment inférieur, celui des petites citadines. Nous y sommes et, loin de se concurrencer, nos véhicules sont au contraire tout à fait complémentaires. ZOE répond à la fois à un usage en ville et sur route, sa polyvalence permet de rouler sans trop changer ses habitudes ; Twingo Electric est plus que jamais la reine de la ville où elle réussira à pérenniser un format de véhicule qui aura du mal à subsister sans conversion à l’électrique ; Dacia Spring répond, quant à elle, à des clients aux besoins très rationnels, ce sera le véhicule électrique le moins cher du marché.
Cette extension de notre offre passera ensuite par le segment supérieur à celui de ZOE. Nous sommes désormais en capacité de le faire avec les véhicules dérivés de Mégane eVision. Ils seront réalisés sur notre nouvelle plateforme modulaire CMF-EV qui est particulièrement prometteuse.

Le Groupe Renault est également leader sur le marché de l’autopartage électrique, pourquoi s’être engagé dans cette voie au risque de peser sur les ventes de véhicules ?

C’est une offre complémentaire ! Et on ne prend pas de risque à évoluer vers d’autres formes de marchés, le risque serait de ne rien faire. Aujourd’hui, la demande des clients évolue, notamment en ville, ou certains ne veulent plus être propriétaires de leur véhicule mais juste consommateurs de services de mobilité. De nombreuses études montrent que d’ici une dizaine d’années, même si le nombre de kilomètres parcourus augmentera, 20 à 30 % de la clientèle européenne n’achètera plus de voiture et optera pour une consommation à l’usage telle que la location et la mobilité multimodale. L’étude que nous avons menée avec l’institut de sondage Ipsos révèle que le changement climatique et l’urgence d’une transition énergétique font partie des préoccupations majeures des européens. Par ailleurs, la pandémie de la Covid-19 a montré une certaine désaffection des transports publics au profit d’une mobilité partagée plus personnelle. Le marché de la mobilité en autopartage a moins souffert que les transports en commun et que le marché automobile cette année. C’est un signe.

Quels sont les atouts du Groupe Renault sur le marché de l’autopartage électrique ?

En tant que leader sur le marché européen du véhicule électrique, nous nous devons d’être présents sur le segment de la mobilité partagé et nous bénéficions de notre expérience de plus de dix ans, comme sur les autres marchés. Aujourd’hui nous sommes leaders de l’autopartage électrique en Europe avec plus de 10 000 véhicules en circulation, dont environ 9 000 ZOE en circulation. Nous devons poursuivre dans cette voie et préparer la suite de cette transition.
À ce titre, Dacia Spring correspond tout à fait à un usage en autopartage. Comme ce modèle, la philosophie de l’autopartage est d’avoir une approche centrée sur le coût. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous venons de signer un partenariat avec le Groupe E.Leclerc qui va proposer 3 000 Dacia Spring et 1 000 ZOE dans ses agences de location en France.


Finalement l’année 2020 sera-t-elle l’année de la bascule en faveur de l’électrification ?

Je le répète, un palier significatif vient d’être franchi, c’est certain. Il arrive même qu’à certaines périodes et sur certains marchés, un véhicule électrique passe devant une voiture thermique. C’est ce que nous avons vu en Allemagne sur le mois d’octobre lorsque les ventes de ZOE ont dépassé celles de la Golf !

Copyrights : Frithjof Ohm (Frithjof Ohm INCL Pretzsch), Luc Perenom, Alex Aristei (Publicis Conseil), CG Watkins (Additive)

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