lundi 19 octobre 2020

Le véhicule électrique, star des banlieues chic. ( Eric Béziat , Le Monde du 16-10-2020 )

Alors que le marché français de la voiture à batterie se développe, la cartographie et le portrait-robot de l’électro-automobiliste révèlent quelques surprises

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La scène se déroule, cet été, dans une coquette maison nichée dans l’une de ces petites communes dortoirs qui parsèment les collines de l’est des Bouches-du-Rhône. Lui est cadre à Marseille. Elle travaille dans une administration à Toulon. La discussion porte sur le changement de leur seconde voiture, sur le point de rendre l’âme. Et ils viennent de choisir : ce sera une électrique de marque française. La prime de 5 000 euros du département qui s’ajoute aux 7 000 euros de l’Etat les a fait basculer.

Notre couple provençal n’a rien d’une exception. Il est même très représentatif d’un nouvel engouement des Français (stimulé, il est vrai, par les subventions) pour le véhicule à batterie. Car, sur les neuf premiers mois de l’année, les ventes de voitures électriques semblent branchées sur du 400 volts : elles représentent 6 % du total des immatriculations, contre 1,93 % en 2019. 

Un palier majeur a été franchi et nous avons cherché à savoir qui sont ces nouveaux électro-automobilistes. Pour ce faire, nous avons demandé l’aide du cabinet de marketing C-Ways, dont la filiale Autoways a accès au fichier des immatriculations du ministère de l’intérieur.

Et il y a quelques surprises… Voiture de ville pour célibataire bobo parisien ? Que nenni ! Le véhicule électrique est présent sur tout le territoire. Par rapport au véhicule thermique neuf, les agriculteurs et les familles sont plus représentés dans les ventes, et il s’en vend plus dans les villes moyennes peu denses qu’au cœur des métropoles.

Deux principales limites

Reste une caractéristique incontestable, massive, et celle-ci pas inattendue : la voiture électrique est un véhicule pour ménage aisé doté d’un habitat individuel type pavillon. Cette caractéristique s’inscrit avec force dans la répartition géographique des ventes de voitures à batterie : on les trouve dans des territoires comme la vallée de Chevreuse dans le sud-ouest de l’Ile-de-France, la grande banlieue ouest-bordelaise ou est-toulousaine, les pourtours du lac d’Annecy, les vallées et hauteurs recherchées de l’agglomération grenobloise.

Ces caractéristiques montrent les deux principales limites du marché de l’électrique : d’une part, le véhicule est souvent cher (rien à moins de 30 000 euros), et le relais ne peut être pris par un marché de l’occasion quasiment inexistant. D’autre part, les problèmes de disponibilité de la recharge rendent l’achat par l’habitant d’un immeuble quasi utopique.

D’où la signature, lundi 12 octobre, par l’Etat (représenté par Barbara Pompili, ministre de la transition écologique et Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux transports) et les principaux groupes de distribution, d’une charte pour parvenir à 100 000 bornes de recharge en France à la fin de 2021 (on est à 30 000 aujourd’hui). Symboliquement présents ce même lundi, sur le parking d’un supermarché Lidl de la banlieue parisienne, doté de dix points de recharge, les deux ministres ont confirmé la création d’une prime de 1 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique d’occasion. Nos données le confirment : la démocratisation du véhicule électrique est bien sa principale urgence.

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