Solutions pour lisser le coût, marketing affûté… les marques déploient de multiples stratégies pour tenter de séduire le consommateur.
Une voiture électrique est plus chère qu’un modèle thermique, sans pour autant disposer de la même autonomie ni de la même facilité d’alimentation en énergie. S’il fallait en rester là, la partie serait perdue. Alors, pour normaliser sans banaliser ces automobiles qu’ils vont devoir vendre en masse, les constructeurs déploient ce qu’il faut de tact.
La première règle pour les industriels est d’éviter de surjouer la nouveauté. Le parti pris d’originalité de la Zoé, de la première Nissan Leaf ou de la BMW i3 du début des années 2010 a fait long feu. Alors que leur architecture autoriserait quelques audaces de style, les voitures électriques récentes adoptent des lignes effilées et plongeantes, conformes à la doxa esthétique du moment.
« Pour que le véhicule électrique touche tous les clients, il doit être consensuel. Les gens veulent une belle voiture, pas un vaisseau spatial », assure Agneta Dahlgren, responsable du design de ces modèles chez Renault.
Pour ancrer l’électrique dans le grand récit de l’automobile et donner des gages de démocratisation, la marque au losange lancera dans les prochaines années des réinterprétations modernes de la R5 et de la 4L, deux icônes populaires.
Dédramatiser l’achat
Peugeot, qui ne dispose pas de plate-forme spécialisée, propose des modèles (208, 2008 et bientôt 308) à la présentation quasi identique, qu’ils soient thermiques ou électriques. Matthias Hossann, son designer en chef, n’y voit pas un pis-aller mais «le meilleur moyen d’élargir le choix du consommateur». « Compte tenu des contraintes sécuritaires et aérodynamiques, dit-il , la vraie marge de création se situe non pas à l’extérieur, mais dans l’habitacle, là où la motorisation électrique permet de libérer de l’espace. »
Pour convaincre que l’électrique est une voiture comme une autre, il faut aussi en dédramatiser l’achat. « Le client doit comprendre qu’en intégrant le prix de l’énergie et de l’entretien, le coût global d’usage est comparable à celui d’un modèle classique », insiste Anne-Lise Richard, responsable de l’électrification chez Peugeot.
Les formules de location longue durée qui lissent les dépenses dans le temps sont mises en avant avec
insistance, mais certains évitent d’y recourir. Les modèles Tesla, très demandés sur le marché de l’occasion, sont le plus souvent payés comptant ou font l’objet d’un crédit classique de la part de l’acheteur, qui fait le pari qu’à la revente sa voiture aura subi une décote limitée. A mesure que l’offre se diversifie, la cible commerciale s’élargit. « Auparavant, nous avions surtout affaire à des convaincus. Aujourd’hui, la majorité des acheteurs ne sont pas venus en concession avec, a priori, l’idée d’opter pour une voiture électrique », constate Anne-Lise Richard. Au sein de toutes les marques, les vendeurs ont donc été formés pour détecter la clientèle« électrocompatible » . Son profil type : plus jeune que la moyenne, souvent en quête d’une deuxième voiture, résidant en périphérie urbaine et susceptible d’installer une borne à son domicile. Afin de rassurer les plus réticents, Renault propose la location régulière de modèles thermiques.
Enfin, pour emporter la décision, reste l’argument ultime : l’essai, une pratique loin d’être généralisée parmi les acquéreurs de voiture neuve mais que les concessionnaires s’empressent de proposer. Un véhicule électrique, en effet, s’apprécie aussi pour son expérience de conduite. Sa façon de se mouvoir tout en fluidité et ses accélérations instantanées mais silencieuses.
Un néoconverti à l’électrique signe un long bail. Selon les marques, il renouvellera son achat dans 80 % à 90 % des cas. Une étude publiée en mai indique pourtant qu’en Californie un sur cinq a préféré revenir à un modèle thermique. Principalement à cause de la faible densité du réseau de bornes de recharge. Les constructeurs n’ont pas toutes les cartes en main et c’est aussi ce qui les inquiète.
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