En plein engouement pour les « zéro émission », les Citroën ë-C4, Renault Twingo ZE, Hyundai Kona, Volkswagen ID.3, Fiat 500 électrique et Peugeot e-208 pourraient inciter les réticents à sauter le pas.
Cela commence à devenir
sérieux.
Depuis janvier, plus de 80 000
ventes de voitures 100 % électriques ont été conclues en France, en progression
de 132 % en un an. La récente décision de prolonger jusqu’au 30 juin le bonus
réservé à ces véhicules (7 000 euros jusqu’à un prix d’achat de 45 000 euros, 3
000 euros pour un tarif compris entre 45 000 et 60 000 euros) comme la
multiplication de modèles inédits devraient soutenir cet engouement, malgré le
maillage encore insuffisant du réseau de bornes de recharge. De quoi se poser
pour de bon la question de l’achat d’une « watture ». Parmi les toutes
dernières nouveautés, nous en avons retenu six susceptibles de déclencher
l’envie de sauter le pas.
Citroën ë-C4, moelleuse
Dès son lancement, la nouvelle
C4 peut aussi être commandée (à partir de 28 600 euros, bonus déduit) avec un
moteur électrique de 100 kW (136 ch) et une batterie de 50 kWh pour une
autonomie annoncée de 350 km. La C4 électrifiée, que désigne le « ë » de
Citroën, se coule avec facilité dans le moule. La conduite est fluide, la
direction précise et les accélérations, sans vous coller au siège, sont énergiques
et instantanées. Malgré le surpoids imposé par les batteries, le moelleux
Citroën est préservé grâce aux amortisseurs à butées hydrauliques progressives,
et le coffre présente la même contenance (380 l) que la version thermique.
Berline légèrement surélevée au style un tantinet torturé mais à
l’aérodynamique soignée, l’ë-C4 consomme assez peu (moins de 14 kWh aux 100 km
pendant notre essai). L’autonomie réelle frise les 300 km à condition de ne pas
avoir le pied trop lourd. Capable de supporter des charges rapides (jusqu’à 100
kW), elle peut donc envisager de s’élancer sur des distances assez longues. A
cette familiale zéro émission, on peut cependant reprocher un habitacle trop
classique et une présentation pas très fun.
Renault Twingo ZE, épanouie
L’actuelle génération de la
Twingo, lancée en 2014, cachait une voiture électrique inaboutie. Conçue pour
recevoir des batteries dans son plancher – à l’image des Smart réalisées sur la
même plate-forme –, elle n’avait eu droit qu’à un trois-cylindres essence. Renault
a enfin décidé de remédier à ce paradoxe avec la Twingo ZE, dotée d’une petite
batterie de 22 kWh. Bien lui en a pris tant la petite citadine apparaît affûtée
dans cette configuration.
Grâce à son moteur à aimants
implanté sur l’essieu arrière, elle conserve un diamètre de braquage riquiqui
(8,6 m), et oublie les trépidations de sa motorisation thermique. Silencieuse,
vive et passe-partout, la Twingo ZE démocratise la voiture électrique. Son
tarif de base est assez modéré (15 585 euros, bonus déduit), mais il faudra
dépenser un peu plus pour disposer d’un équipement correct. L’autonomie peut
sembler limitée (190 km en usage mixte) et le chargeur embarqué accepte une
puissance de charge limitée à 22 kW. Pourtant, avec un rayon d’action de
quelque 250 km en agglomération, la Twingo ZE répond à ce que l’on attend d’un
véhicule à vocation urbaine.
Hyundai Kona, généreuse
Avec la Kona, les soucis
d’autonomie deviennent très relatifs. Ce petit SUV, qui sera restylé début 2021
et héritera d’un museau plus n et de lignes adoucies, peut franchir 480 km une
fois ses batteries chargées à bloc. Pas de mystère : la marque coréenne l’a
équipé d’un gros bloc de 64 kWh. Développant 204 ch, cette version (il en
existe une autre, moins endurante avec une batterie de 39 kWh) dégage une
certaine sérénité. Sur autoroute, on pourra envisager des trajets de 300 km.
Pas particulièrement agile ou confortable mais fort bien dotée et susceptible
de faire office de voiture principale, la Kona électrique n’est pas donnée (à
partir de 37 000 euros, prime déduite pour la version 64 kWh). Elle peut
fréquenter les bornes de recharge rapide (100 kW) qui lui permettront de
récupérer suffisamment de capacité en quelques dizaines de minutes.
Volkswagen ID.3, prometteuse
Piquées au vif par le succès
de Tesla, les marques allemandes ont, à l’exception de Porsche, jusqu’alors
répliqué en élaborant des voitures plus électrifiées qu’authentiquement
électriques. Avec l’ID.3, Volkswagen ne marche pas sur les plates-bandes de la firme
californienne mais livre un modèle fondateur qui vise une diffusion à très
grande échelle. L’ID.3, dont on ne se doute pas en découvrant sa ligne qu’elle
tutoie la 1,8 tonne, a été conçue sur une plateforme spécifique. D’où son très
avantageux rapport habitabilité/encombrement et l’installation de son moteur de
204 ch sur l’essieu arrière, ce qui favorise sa maniabilité. Lancée avec une
batterie de 58 kWh au prix de 30 990 euros (bonus déduit), l’ID.3 revendique
une autonomie de 426 km, qu’il faudrait plus raisonnablement situer un peu
au-dessous de 400 km. Une version de 77 kWh et une autre, moins endurante mais
plus accessible, sont attendues. Il est encore trop tôt pour savoir si cette
berline haute et plutôt avenante qui doit expier le « dieselgate » de Volkswagen
s’imposera comme l’héritière de la Coccinelle et de la Golf, mais elle donne
déjà envie de tailler la route.
Fiat 500 électrique, revigorée
En version électrique, la Fiat
500 est toujours aussi jolie, mais elle est incomparablement plus moderne (le
modèle thermique est largement dépassé), bien plus vive et amusante à conduire.
Rallongée de 6 centimètres, son architecture n’a pas été bouleversée
(l’habitabilité reste donc mesurée), mais elle peut accueillir une batterie de
23,7 kWh (la version est facturée à partir de 17 900 euros, bonus déduit) ou de
42 kWh (compter au moins 20 500 euros). La 500 électrique tient (presque) ses
promesses en matière d’autonomie (185 ou 320 km selon le modèle) grâce à sa
consommation maîtrisée et son efficace système de récupération d’énergie avec
lequel on peut presque se passer de la pédale de frein. En 2021, une variante «
3 + 1 » pourvue d’une unique porte latérale arrière viendra compléter le
catalogue.
Peugeot e-208, pétulante
Première de cordée électrique
chez Peugeot, l’e-208 (à partir de 25 700 euros, bonus déduit) ressemble à s’y
méprendre au modèle thermique de la silhouette ramassée et dynamique duquel
elle hérite. Au volant, on retrouve la même pétulance qui fait le succès de son
homologue. De quoi vous mettre de bonne humeur. Elle embarque une batterie de
50 kWh, un moteur développant 100 kW (136 ch) et peut se brancher sur un
chargeur de 100 kW en courant continu pour les trajets au long cours. Peugeot,
le néoconverti à l’automobilité, doit encore progresser en matière de
consommation, car celle de l’e-208 se situe un cran au-dessus de ses
concurrentes, ce qui nuit à l’autonomie. Dans ces conditions, les 340 km
annoncés semblent particulièrement optimistes. De même, le freinage régénératif
est délivré à dose homéopathique et le très sophistiqué écran 3D fournit au
conducteur des informations qui restent encore trop incomplètes.
Jean-Michel Normand dans Le Monde du 25/11/2020
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